posté le 17-12-2007 à 21:02:00

Battersea Park.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Battersea Park.

 


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posté le 17-12-2007 à 21:00:56

Cliché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cliché.

 


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posté le 05-12-2007 à 12:05:23

Toutes les 2 heures, la pause s’impose

Nous sommes assises l’une en face de l’autre et dévorons en silence notre dernier pain au chocolat. La route a été longue, mais son regard s’illumine au fur et à mesure que nous approchons. C’est de famille. Quand la végétation des remblais qui surplombent l’autoroute devient plus clairsemée, quand la terre blanchit aux pieds des premiers pins, nous revivons. Bientôt, à notre gauche, la Sainte Victoire nous dévoilera ses flancs. La face nord, la moins abrupte, comme une invitation... Avec une certaine impatience, j’attends les premiers coteaux, et le parfum qui émane des vignes écrasées par le soleil. Le chant assourdissant des cigales. Oui, c’est ici que j’existe. Etre né quelque part. Avoir des sons et des odeurs plein les veines... Je regarde au loin, au-dessus de sa tête, mais je sens ses petits yeux noisette qui me fixent, qui me sondent.
- Plus tard, j’serai pompière et j’éteindrai des feux.
Elle me dit ça comme si elle répondait à une question, comme s’il était normal que ce sujet soit abordé maintenant. Je l’écoute parler et je pense : plus tard, ma nine, tu seras comme tout le monde, tu finiras par te laisser emporter par le tourbillon de la vie, malgré tous tes efforts. Pourquoi te mentir ? Notre éducation, la belle-famille, la taille du coffre, la conjoncture économique... Combien de nos décisions sont prises en totale liberté ? Non, tout ça je ne peux pas te le dire aujourd’hui. A ton âge, tu as le droit de rêver. J’ai le devoir de t’y aider. Alors à la place, je dis :
- Ici ?
- Ben oui. Y reste du jus d’orange ?
Le sujet est déjà clos. Je la comprends. Les cortèges de camions rouges, le bruit de leurs sirènes, le vrombissement des canadairs, la lumière bleue des gyrophares... A son âge, j’aurais sans doute aussi été pompière. Aujourd’hui encore, quand je vois ces paysages quasi-lunaires, les silhouettes désarticulées des squelettes d’arbres calcinés, ces ombres inquiétantes au sommet des collines... ça me révolte. J’ai du mal à respirer, je me sens asphyxiée, prise au piège de cet incendie, j’ai envie de chialer... Les gens sont cons parfois, et pire encore, ils détruisent mon pays. J’allumerai dans les salons des imprudents des feux de camp comme ils le font dans la forêt ; j’irai jeter mes clopes pas encore éteintes dans leurs lits ; je foutrai par mégarde le feu à leurs maisons ! C’est pourtant pas compliqué... Ses prunelles sont toujours posées sur moi. Tout doucement, comme si elle avait peur de me sortir trop brusquement de mes pensées, elle demande :
- On y va ?
Je plonge mon regard dans le sien. J’y puise assez de force pour lui sourire et répondre :
- C’est parti ! La première à la voiture a gagné !
Je la regarde sauter du banc et s’élancer. C’est vraiment bon qu’elle soit là. C’est vraiment bon d’être là.
 


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posté le 01-12-2007 à 19:45:30

Noir délire

Un cri
Strident
Dans la nuit
Assourdissant
Trop intense.
Maintenant
Dans le silence
Musique
Doucement
Classique
Quelques pas de danse
Dans le vide.
Infini.
Un parfum
De douleur
Car besoin
De douceur.
Essentiel.
Dans le ciel
Morceau d’étoile
Du bout des doigts.
Instant
Magique
Pour sentiments
Dramatiques.
De la violence
Dans le coeur
L’inconscience
D’une fleur.
Simple aller
Vers la mort
Pistolet
Coup du sort.
Parodie
Indéniable
Tragédie
Inévitable...
 


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version5  le 17-12-2007 à 23:21:51  #   (site)

Magnifique.

 
 
posté le 01-12-2007 à 19:43:33

Le fil de la vie, la corde du pendu.

Je viens de voir le médecin. Il dit que tu avais plus de 2 grammes d’alcool dans le sang. Le conducteur aussi, note. D’après les témoins, il roulait à tombeau ouvert, tous feux éteints. Il serait sorti de nulle part, et toi, tu n’aurais même pas regardé avant de te lancer sur la chaussée. Enfin, 2 grammes ! C’est au moins une bouteille de pinard, ça ! Mais qu’est-ce que tu foutais dans cet état au milieu de la nuit ? Je ne sais même pas pourquoi je pose cette question. Je connais trop bien la réponse. Qu’est-ce que je t’ai fait ? Je savais que ça n’était pas une bonne idée de t’appeler. Je le savais, putain ! Je devrais écouter plus souvent mon petit doigt. Tu le disais souvent, ça. Toi aussi j’aurais dû plus t’écouter. Mettre un mouchoir sur ma fierté. Revenir tant qu’il était encore temps… Mais merde ! Tu pouvais pas me faire ce coup-là ! T’aurais dû m’appeler, aussi ! J’aurais dit non une fois, deux fois peut-être, pour le principe. T’avais qu’à murmurer, je serais revenu. Tu le savais, pourtant ! Tu savais bien que je serais resté si tu me l’avais demandé ! Comment tu disais déjà ? Je suis accrochée à toi comme le pendu à sa corde. Avec toi j’étouffe, mais sans toi je ne suis plus rien ; je ne suis plus qu’une fille. La corde du pendu, paradoxalement, c’est sa raison d’être. Oui, c’était ça. Combien de fois ai-je répété ces mots, toujours plus incertain de leur sens ? Et aujourd’hui, on en est où ? J’ai ta main au creux de la mienne. Je te regarde dormir. Je te regarde partir. Tes doigts si fins. Des doigts de pianiste, qui me fascinaient lorsqu’ils dansaient sur le vieux Clavinova que tu avais acheté à la braderie. Moi je m’accroche à ça : à des souvenirs. A ce fil qu’on tissait lentement, péniblement. Mais on aller y arriver. Tu parles ! Tresser la corde pour nous pendre. Tu avais encore raison. Et maintenant, tu meurs dans mes bras, et je veux mourir aussi, si tu t’en vas. Reste avec moi.

-          Monsieur ?

-          Oui.

-          Les visites sont terminées. Il faudrait la laisser se reposer maintenant. Elle en a bien besoin.

-          Docteur ?

-          Oui ?

-          Elle… Je… Non, rien.

-          Venez.

Je n’ai pas la force de lui demander. Est-ce qu’elle va s’en sortir ? J’ai répété cette phrase des centaines de fois devant le miroir ta chambre. Trouver le ton juste. Etre conscient de ce risque, ne pas paraître trop détaché, mais ne pas s’effondrer en larmes avant la fin. Impossible. De toutes façons, je ne veux pas entendre la réponse. Ni les paroles de réconfort, ni la compassion. Je lâche ta main et nous sortons. Un silence lourd, presque palpable s’installe entre le Dr. Berthier et moi tandis qu’il me raccompagne dans le dédale de couloirs et de portes coupe-feu de l’hôpital. J’ai envie de chialer. L’odeur de médicaments imprégnée dans les murs et le sol me donne un haut-le-cœur. Retiens-toi. Encaisse les coups, mais ne montre jamais ta peine. C’est ça qui te rend vulnérable. Dans le hall, nous nous serrons distraitement la main. Le toubib murmure à mon intention un Soyez fort quasiment inaudible. Il a l’air si touché que je me demande s’il ne parle pas pour lui. Je hoche imperceptiblement la tête et me retourne. La double porte coulissante s’écarte devant moi, et je me retrouve comme un con, tout seul sur le parking. J’allume un clope et, lentement, je me dirige vers la voiture. Des larmes coulent le long de mes joues ; j’étouffe un sanglot. Comme un homme. Un vrai. Mais est-on un homme quand on ne pleure pas dans de telles circonstances ? Je me laisse glisser au sol. Adossé à la roue, je lâche tout. Ce n’est qu’un long moment plus tard que je me relève. J’ai l’impression d’avoir pris une porte dans la gueule. Bien lourde, bien fort.
 


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