posté le 26-11-2007 à 19:23:58

carnets anglais - london 07

Et une seconde série de photos de Londres...
 


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posté le 26-11-2007 à 19:07:01

lille

Au nord de Paris, pour moi, il n’y avait rien : après Roissy, il y avait la Manche, puis Londres...
Lille, c’est le beffroi de la Chambre de Commerce qui s’est pris la tête dans les nuages. Ce sont les joggers le dimanche matin à la citadelle. Lille, c’est la queue, le soir, devant le Sébastopol. Ce sont les milliers d’exposants de la grande braderie, les enfants qui crient dans le petit train de la Grand’ Place en décembre. Lille c’est une mer de parapluies le samedi après-midi rue de Béthune, et les rues désertes la nuit. C’est Mr Hyde qui se faufile, le soir, dans le brouillard des ruelles humides aux pavés humides de la vieille ville. Car Lille, c’est aussi ce voile gris qui enveloppe les rues et les maisons. C’est le passant qui souffle sur ses doigts, celui qui réajuste le col de son manteau. Ce sont les trois tours grises du centre commercial qui s’enfoncent dans un ciel encore plus gris. Ce sont les néons rouges, bleus et verts des restaurants chinois qui se reflètent dans les flaques d’eau. Lille, c’est un accent, une façon de parler. C’est la grande roue de Noël et les parents qui crient tout en haut. Lille, c’est le métro tout automatique qui passe sous les usines désaffectées des quartiers sud, ces usines aux murs de briques rouges percés de fenêtres cassées. C’est un aviron qui rencontre un canard sur la Deûle. Lille, c’est le marché de Wazemmes et celui de la place de Bettignies. Ce sont les terrasses des cafés qui s’ouvrent dès le premier rayon de soleil. C’est aussi le touriste anglais qui demande son chemin. Lille, ce sont les lumières des phares le matin boulevard de la Liberté. C’est la nuit qui tombe sur le jour à peine levé. A moins que ce ne soit moi qui me lève à la tombée du soir. Lille, c’est une soirée au Macumba. Ce sont des voitures brûlées dans les quartiers Sud et des magasins chics dans le Vieux Lille. Lille, c’est deux mondes. Deux mondes qui se croisent chaque jour sans même se regarder. Deux mondes avec pour seul point commun le gris du ciel au-dessus de leurs têtes, un ciel bas comme un filet dans lequel toute la ville serait prise.
 


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version5  le 17-12-2007 à 23:23:59  #   (site)

J'adore ...

Merci.

 
 
posté le 26-11-2007 à 19:05:53

en toutes lettres

Ecrire sans but, sans autre raison que le plaisir de faire sonner les mots entre eux.
Découvrez dans cette rubrique un florilège de styles, et de thèmes...
 


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version5  le 17-12-2007 à 23:24:37  #   (site)

... Pour le bonheur des mots ... oui, je comprends, je partage.

 
 
posté le 26-11-2007 à 13:33:17

pomme de reinette

Un soir d’automne. Comme les autres. Il pleut.
Le vieux salon sent le cuir, le papier jauni et le feu. Une lampe éclaire faiblement. Derrière ses demi-lunes, une dame aux cheveux blanchis par le temps lit un livre. Soudain, elle le ferme, se lève et se dirige vers la cuisine. Près de la porte, dans un panier d’osier, des pommes. Du jardin. Fraîchement cueillies, cet après-midi, avec les enfants. Avant la pluie, avant le vent.
C’est vraiment l’automne. Les jours ont raccourci, les feuilles des arbres ont rougi. Dehors, les volets claquent ; les hommes se battent avec leurs parapluies. Et quand ils parlent, ils se jettent des nuages de vapeur au visage. Ne manque plus que la neige...
De sa cuisine, la dame les observe et sourit. Le pot-au-feu cuit dans la marmite. La chaleur et l’odeur envahissent la pièce. La buée sur la fenêtre ne laisse à présent plus rien percer. Rien que des ombres qui défilent dans la rue. Avec la main, comme une enfant, elle essuie un coin de carreau pour y voir. Ne manque plus que la neige...
Sur le trottoir d’en face, une jeune fille attend. Puis un garçon arrive, lui prend la main et l’embrasse. Ils s’en vont. Comme les autres. Qui passent et qui repassent, interminablement. Il ne reste plus rien. Plus que la pâle lueur des réverbères, la fumée des bouches d’égout et les lumières des voitures. Ne manque plus que la neige, et ce sera l’hiver.
Alors, la vieille dame se retourne. Elle ouvre la porte de la cuisine, une cloche à la main. Ding ! Dong ! Et la maison sort de sa torpeur. Les enfants quittent leurs jeux. Des bruits de pas, des voix, des rires. La plus jeune fredonne une comptine.
Pomme de reinette et pomme d’api...
 


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posté le 25-11-2007 à 10:28:03

et une assiette traversa la cuisine en volant

- Et si on se disait la vérité, pour une fois ? Et si on se disait les choses en face ? Tu vois, j’en ai assez, assez de faire les courses, le ménage, le repassage, je sais que c’est classique, mais tu vois, te regarder rentrer le soir et mettre les pieds sous la table en allumant la télé, j’en peux plus. Tu peux comprendre que j’en ai marre, de ça ? de ces conversations qu’on n’a pas, de celles qu’on a mais pendant lesquelles tu ne m’écoutes pas, de ta façon de me répondre "mais oui ma chérie" sans même me regarder, de ces week-end qu’on ne passe pas ensemble... On ne se dit plus rien... Je ne sais même pas ce que tu fais de tes journées, si tu t’entends bien avec tes collègues, ce que tu voudrais être dans dix ou quinze ans... Du reste, tu ne sais rien de moi non plus. Si ça se trouve, je te trompe. Peut-être même que c’est avec le voisin...
- Mais oui ma chérie.
- Tu vois, tu recommences ! Pourquoi on s’est marié, hein ? On rêvait à quoi, à l’époque ? C’était un mariage forcé, non ? Très honnêtement, j’ai du mal à croire que j’étais consentante. Quand je vois ce qu’on est devenus, aujourd’hui, si vite, je me dis que c’était forcément déjà perceptible alors. Pourquoi tu ne réponds pas ? Qu’est-ce que je dois faire, pour attirer ton attention ?
- Oui oui ma chérie.
- Je vais sans doute bientôt te jeter un truc à la figure. Tu le sais, ça ? Voyons voir, une assiette ? un verre ? Non, quelque chose de plus lourd. Une poêle... C’est pas mal, ça, une poêle. Ça doit faire mal, en tous cas. Et puis l’avantage, c’est que ça ne se casse pas. Ceci dit, le bruit de l’assiette qui éclate sur le sol, ça a un petit charme désuet qui me plaît bien. Tu ne m’écoutes toujours pas ?
- Si si ma chérie.
- Tu m’appelles encore une fois "ma chérie", t’es mort.
- Bon écoute, on va pas s’engueuler pour parce que tu as des états d'âme... Tu veux une vraie raison? En voilà une : je te trompe. Avec la voisine.
- ...
Un blanc. Un long blanc, au moins aussi long et aussi blanc qu’un couloir d’hôpital.
- Ça va ma chérie ?
Et une assiette traversa la cuisine en volant...
 


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